Notre histoire

Découvrir notre village à l’époque de nos ancêtres, son héritage et l’étendue de son histoire

Généralités

Le relief particulier du site de Cléry-en-Vexin, constitué d’une butte dominant un vaste plateau et offrant une perception lointaine sur les environs, a conféré, depuis toujours, au village une position stratégique. Ceci explique peut-être une présence humaine très ancienne, comme l’atteste la découverte de nombreux vestiges archéologiques datant du néolithique.

Un oppidum gaulois s’établit sur cette butte, non loin d’une grande voie romaine : la Chaussée Jules César, qui reliait Lutèce à Rouen, et dont le tracé est encore visible aujourd’hui, au hameau du Tillay, parallèlement à la RD14. L’appellation « Cléry » a d’ailleurs pour origine le nom d’un domaine gallo-romain : « Clariacum », formé d’un nom d’homme « Clarus » et du suffixe « iacum ».

Le nom du Vexin vient quant à lui du nom d’un peuple gaulois (les Véliocasses) qui occupaient la région : le pagus Vilcassinus qui devint le pays du Vexin jusqu’au traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911.

Une église primitive construite antérieurement au XIe siècle fut détruite lors de la guerre opposant le roi de France et les Ducs de Normandie. Elle fut remplacée par l’actuelle église Saint-Germain, datant du XIIIe siècle. Un prieuré construit à la même époque fut habité par 24 moines. Il ne subsiste aujourd’hui que la dénomination « Clos Prieuré ».

La commune fut le fief de deux seigneuries :

La seigneurie de Cléry à partir du Xe siècle, comprenant une partie des terres de Cléry, Banthelu et du Tillay,

La seigneurie de Guiry au XVIe siècle, appartenant à la famille de Poissy puis à la famille de Brossart.

Deux châteaux furent construits :

Le château du Logis, dont la façade s’inspire des réalisations de l’architecte François Mansard. Ila aujourd’hui totalement disparu et son emplacement est occupé par des fermes.

Le château du Bâtiment, dont il subsiste une tour du XVIe siècle, situé à l’emplacement de l’actuelle ferme du Bâtiment. Celui-ci fut remanié en 1750 par le prince hongrois de Rakoczky, époux de Melle de Boislisle, dernière héritière de la seigneurie.

Les origines préhistoriques

A la séance de la Société historique et archéologique du Vexin du 17 juillet 1889, M Léon Plancouard a présenté la note suivante sur les découvertes historiques de Cléry.

“Près du tertre où nous plaçons l’oppidum gaulois de Cléry, nous avons ramassé des spécimens de l’outillage de l’homme primitif. Pour la pierre taillée et éclatée, nous avons recueilli sur le sol une quantité de petit racloirs et grattoirs si grossièrement façonnés, que nous avons été longtemps à les prendre pour des silex intentionnellement taillés.

Dix haches ébauchées, dont quatre présentant un commencement de poli, figurent dans nos musées. Soixante seize haches taillées ont formé l’effectif de notre collection. Nous avons recueilli une hache en serpentine de l’époque lacustre et du renne. Elle mesure 7 centimètres de long, 4 et 2 de large et une épaisseur d’un demi-centimètre.

Une hache jaune qui, avec la précédente, indique une station de l’époque néolithique.

Nous avons trouvé des haches de toutes formes et de tous types, vestiges indubitables du passage et du séjour de l’homme primitif sur le plateau cléryais, tels : une hache polie en grès ; une en calcaire oolithique gris foncé, des nuclei, des nodules, des racloirs et des couteaux ; quatre hachettes-ciseaux et treize hachettes-couteaux mesurant environ 15 centimètres de long (moyenne), 3 centimètres de large et 3 centimètres d’épaisseur, et plusieurs en judeite ; des couteaux ou lames de silex (50 objets) ; des grattoirs de tous types, hache, racloir, percuteur, de petites flèches triangulaires et à pointes aiguës et plusieurs flèches barbelées ou à aileron, en silex finement retaillé de l’époque néolithique ornent notre collection.

Les innombrables éclats de silex sont les preuves d’une station primitive et l’existence d’un atelier au lieu dit la Vallée Tibère. Nous avons trouvé le type de Thenay, silex épais et presque rond qui nous a donné 7 objets ; ces haches mesurent 20 centimètres de long, 7,5 centimètres de large et 6 centimètres d’épaisseur.

Le type Moustérien, dont une des faces est plate et dont la taille le fait ressembler à une ogive, est plus long et plus grand que le précédent ; il nous a donné huit pièces.

A la hache en forme de langue de chat on reconnaît l’époque acheuléenne, qui nous a fourni six types ; une de ces haches mesure 19 centimètres de long, 6 centimètres en pointe et 9 centimètres au milieu.

Nous en avons recueilli en pierre dure : néphrite, serpentine impure, mesurant 10 centimètres et demi de long ; une largeur de 6 et 2 avec une épaisseur de 2,05 ainsi qu’une quantité de pierre de fronde. Une hachette fléchette (type Moustérien) mesure 10 centimètres de long, 5 et 2 de large et 0.5 d’épais. Ue autre de type Tcheuléen nous donne 20 centimètres de long, 8 de large et 3 d’épais.

Une hachette, type du Grand Pessigny (silex blond particulier) mesure 17 centimètres de long, 7 centimètres de largeur au taillant, 9 centimètres au milieu et 5 en pointe, avec une épaisseur de 5 centimètres.

Une flèche en dolomite, prise dans les roches primitives, a été recueillie au lieu dit la Chaussée de Jules César, avec une hache polie mesurant 22 centimètres de long, 7 de large.
Nous avons également ramassé sur le sol cléryais six coins polis et trois taillés au lieu dit significatif la Haute Borne. Les lieux dits les Pierres levées du Tillay, la Drelle, les Terres Noires, la Pierre Mariée, la Palet de Gargantua, semblent révéler un passé légendaire, mais entouré de profondes ténèbres.

Quatre hachettes de chef, ayant 7 centimètres de longueur, 7 et 2 de large et 3 millimètres d’épais.

Les peuples de l’âge de pierre ne possédaient pas de moulins, et pour préparer les céréales ils se servaient de pierres rondes polies, entre lesquelles ils brisaient et écrasaient les grains ; nous avons recueilli plusieurs de ces meules, qui ressemblent aux anciens égrugeoirs de sel.

Enfin, la poterie est venue compléter notre collection avec la tegula et l’ambrex (tuile à rebord et à faîtière).

Je renvoie mes savants collègues à une brochure sur les antiquités cléryaises qui, certes, méritent une note spéciale et figureraient avec honneur parmi les découvertes préhistoriques de Seine et Oise.

Depuis la rédaction de cette note, notre collection a été considérablement augmentée. Pour la période gallo-romaine, nous avons recueilli à Cléry trois monnaies gauloises, une trentaines de médailles embrassant la série des empereurs romains pendant environ 400 ans, un vase en verre à incinération et un en terre. Aux Terres Noires, à 1000 mètres du pays, un lieu de sépultures et des fondations sans ciment ni mortier a été découvert, il s’agit de la Maceria des Romains.

De ce qui précède, il est avéré que l’ancien Clariacum fut une mansion dès le IIIème siècle et que depuis l’époque quaternaire son territoire et ses environs ont été habités.

Le cahier des doléances

Plaintes et remontrances de la communauté de la paroisse de Cléry (Rédigées en vieux français – dimanche 8 mars 1789)

Cléry au XIXe siècle

L’étude du recensement de la commune de Cléry-en-Vexin en 1831 nous donne quelques indications sur la vie du village. Au début du XIXe siècle, l’activité du village est essentiellement rurale, et la communauté villageoise était complétée par de nombreux artisans.

En 1831, le village compte 331 habitants :

 

  • 89 garçons non mariés
  • 64 filles non mariées
  • 77 hommes mariés
  • 79 femmes mariées
  • 9 veufs
  • 13 veuves

L’étude du recensement de la commune de Cléry-en-Vexin en 1831 nous donne quelques indications sur la vie du village. Au début du XIXe siècle, l’activité du village est essentiellement rurale, et la communauté villageoise était complétée par de nombreux artisans.

A cette époque,le terme cultivateur désignait les paysans les plus aisés qui pouvaient vivre uniquement de la terre. Sur une population totale de 331 habitants, Cléry-en-Vexin comptait 13 familles de cultivateurs. Selon la taille des exploitations, ces cultivateurs employaient des charretiers qui étaient à la fois responsables des labours et des transports. En 1831, il y avait 18 charretiers dans le village. Parmi les patronymes les plus courants, on retrouve les Doucet, les Bouillette et les Fortier. La qualité de ces charretiers venait de la manière dont ils enrayaient, c’est-à-dire de la façon dont ils traçaient le premier sillon des labours.

Une grande partie des ouvriers agricoles (ils étaient plus d’une vingtaine à Cléry) travaillaient dans les fermes en louant leurs services à la journée. Ces journaliers effectuaient souvent les travaux les plus rebutants, les plus fatigants et les plus longs. Les femmes et enfants des ouvriers agricoles représentaient une main-d’oeuvre de complément, toujours disponible.

Une seule ferme du village employait un vacher. Aimé Garnot se levait de très bonne heure et après la traite, il devait donner à manger aux bêtes, préparer la pulpe de betterave broyée et nettoyer la paille. Les 5 bergers du village étaient, sans doute, des ouvriers agricoles payés par les cultivateurs, car les bergers à leur compte étaient très rares en raison des difficultés financières de cette profession.

Bien qu’elle ait complètement disparu dans le Vexin, la transformation du lin et du chanvre occupait au XIXe, les femmes ainsi que quelques artisans. On comptait à Cléry 5 tisserands (Alphonse Le Gendre, Emmanuel Pigeon, Louis Verny, Alexandre et Nicolas Morin) et 2 cordiers (Charles et François Benard). Plus d’une quinzaine de femmes avaient des activités de couturière. Elles étaient des travailleuses itinérantes qu’on louait souvent pour la journée. Elles taillaient et cousaient les habits d’hommes aussi bien que ceux des femmes et des enfants.

La situation du village et de son hameau (Les Tavernes) sur l’axe Paris/Rouen justifie également le nombre d’artisans. Cléry-en-Vexin comptait de nombreuses professions aujourd’hui disparues.

En 1831, Ambroise Coville, René Durand, Charles Lamy, Pierre Masson et son fils, François, Nicolas et Pascal Rousselet exerçaient le métier de charron. Ces artisans de renom fabriquaient, entretenaient et réparaient les voitures de charge et les machines agricoles : brouette, charrette, charrue, mais ils fabriquaient et réparaient également les roues.

Le charron travaillait essentiellement durant les périodes ou les travaux des champs étaient plus intenses (labour, semailles, moisson…) : les chariots, charrettes ou autres charrues étaient mis à rude épreuve et les roues se brisaient plus qu’à l’accoutumée. A partir de 1950, la mécanisation agricole a eu raison de ce métier.

Pierre Berquier, le seul bourrelier du village, aidé de son fils Théodore, confectionnait et réparait les bâts et les harnais des bêtes de somme, les colliers et les guides des chevaux qu’on attèle à la charrue, aux charrettes et aux tombereaux, indispensables aux rudes travaux des champs. Le bourrelier faisait un travail d’usage, où la solidité primait sur l’élégance.

Autrefois, pas de village sans forge, sans maréchal-ferrant et sans le bruit familier du marteau frappant en cadence sur l’enclume… Le village de Cléry ne dérogeait pas à la règle. On comptait même 5 maréchaux-ferrants. Il s’agissait de Charles Cottin, Charles Deschard, Téophile Lajoie, Henry et son fils Augustin Roussel.

Personnage central et reconnu de la vie villageoise traditionnelle, il cumulait souvent les fonctions de forgeron, ferronnier et taillandier. Le perfectionnement de l’agriculture, le développement de la culture attelée et l’essor du cheval dans les transports justifiaient l’activité du maréchal-ferrant. C’est lui qui ferrait les chevaux, les mules et les vaches, fabriquait et réparait les versoirs et les pièces en fer des charrues, des attelages, tout l’outillage à main nécessaire aux travaux des champs et les outils des artisans du village.

Parmi les personnages les plus connus du village, on trouvait le curé, Jacques Bertaux âgé de 80 ans qui avait participé à la rédaction des cahiers de doléances du clergé pour le baillage de Chaumont-en-Vexin en 1788. Homme respecté et surtout craint, Nicolas Bequet, le garde-champêtre représentait l’autorité communale. Il était, l’unique et seul employé de la commune, le gardien de la population villageoise. Il veillait sur tout ou presque, il surveillait presque tout également. Sa polyvalence le rendait indispensable au bon fonctionnement matériel de la commune. Le garde-champêtre assurait d’une certaine façon l’ordre et officiait comme représentant de la police communale.

Mais de nos jours, qui se souvient de ce personnage haut en couleur et maintenant disparu de bon nombre de nos communes ?